La découverte d'une bonne terre...

 

Qu'est-ce que CVX pour toi ?

 

Ce qui me vient, c'est l'image de la terre, la découverte d'une bonne terre, dans laquelle plonger et se nourrir, qui t'aide à grandir et qui te signifie que tu es bien là où tu es. Cela fait écho à la phrase des disciples qui demandent à Jésus « où demeures tu ? » (Jean 1, 35-42). Depuis 33 ans je suis à CVX,, c'est que ça doit être bon pour moi ! Cette terre me permet de vivre l’Église avec goût et sereinement. C'est un lieu où je me sens bien dans cette Église très diversifiée.

 

 

Comment as-tu découvert la CVX ?

 

Je l'ai découverte en même temps que les exercices spirituels de Saint Ignace lors d'une retraite. Cette spiritualité ignatienne m'a touché parce qu'elle prend en compte l'individualité de l'être dans sa globalité qui nous parle aujourd'hui comme il y a 500 ans. Elle fait grandir cette liberté intérieure qui permet d'éclairer nos choix, ce qui m'apparaît comme une nécessité aujourd'hui. En effet, on ne choisit plus par capillarité sociale et à tous les coins de rue de notre vie il y a un choix à poser.

 

Comment expliquerais-tu ce qu'est la CVX ?

 

La CVX est une communauté de laïcs qui s'inspirent de la spiritualité de Saint Ignace. C'est la prise de conscience de ces trois piliers : laïc, communautaire et ignatien qui m'ont permis de m'engager. Ce chemin en CVX par le partage de nos choix dans la vie communautaire et par les retraites en cœur à cœur avec Dieu permet d'acquérir une plus grande liberté intérieure. En CVX, la vie en compagnonnage permet de ne pas se laisser aller car nous nous engageons vis-à-vis des autres dans la relecture. C'est comme une corde à linge, les poteaux sont les réunions d'équipe toutes les trois semaines, entre les deux il y a la corde avec tout ce qui est accroché : nos relations, nos quotidiens. Il existe alors entre nous des liens au-delà des affinités parce que nous partageons nos vies. Seulement la même spiritualité nous rassemble. Je dis spiritualité au sens de la manière de se mettre à la suite du Christ. Elle nous rassemble au-delà de la diversité des états de vies, des périodes de vie, d'activité.

 

Que veux-tu dire par « laïc » ?

 

Des religieux peuvent être accompagnateurs mais ils ne font pas partie d'une équipe en tant que compagnon . A la CVX toutes les décisions sont prises par des laïcs. Cela permet une certaine indépendance et d'être au plus près du monde.

 

Tu parlais de liberté intérieure, mais qu'est-ce que la liberté intérieure pour toi ?

 

La liberté intérieure, ce n'est pas un vide intérieur ni un détachement du monde dans lequel on vit. En prenant conscience de tout ce qui nous lient (blessures, faiblesses, traits de caractères, liens familiaux, pressions, images etc.), c'est se mettre dans le lieu intérieur de la présence de Dieu. Du coup je peux relativiser ces liens et, animée de cette vie de Dieu en moi, me décider pour plus de vie. Ce n'est pas un lâcher prise mais plutôt un abandon.

 

Comment les rencontres en équipes locales ou régionale peuvent faire grandir une liberté intérieure aujourd'hui ?

 

Faire partie d'une équipe CVX peut être une réponse à une solitude dans notre monde où les relations sont de plus en plus virtuelles. Dans les équipes on ne se choisit pas, en même temps cela devient un lieu d'aide au discernement dans notre vie très exposée aux choix. L’Église ne nous dicte pas ce que l'on doit faire. C'est à nous de trouver notre propre réponse en étant dans les clous. Il faut être vigilant à ne pas réduire les clous de l’Église à l'image que l'on en a. Lors du synode pour la famille, le Pape François a rappelé que le dernier lieu de la décision est la conscience éclairée de la personne. Cela devrait être vu comme un cadre qui ouvre. En communauté locale nous nous accompagnons pour faire des choix éclairés même s'ils sont parfois difficiles. Cela nécessite du temps.

 

Entretien du 09/02/2018 entre Marie Laure et Flore